L'histoire du Jazz New-Orleans est intimement lié à Storyville, un quartier de la Nouvelle Orléans, où se concentraient la prostitution, l'alcool et le jeu.
A la fin du XIXeme siècle,
Storyville est le terrain de jeu de nombreux orchestres de rue (brass bands ou fanfares) qui animent toutes sortes d'évènements : parades, mariages, cortèges funéraires, réunions publiques, bals en plein air, inaugurations, parcs d'attraction, fêtes communautaires...
Exclusivement composés d'afro-américains, ces orchestres reprennent tous styles de musique (marches militaires, ragtimes, musiques de danse, airs folkloriques, hymnes spirituels, marches funèbres…), en y incorporant des improvisations et les influences africaines des instrumentistes (comme les rythmes syncopés) .
Pour faciliter leurs déambulations, les musiciens jouent d'instruments transportables : guitare ou banjo, trompette, trombone, tuba en guise de contrebasse, washboard ou tambours comme percussions.
A la fin des années 1870, les lois Jim Crow qui durcissent la ségrégation raciale en Louisiane, en interdisant notamment aux musiciens ayant une origine africaine de jouer avec des musiciens blancs, constituent une étape essentielle dans l'évolution musicale de la Nouvelle Orléans : en effet, privés de travail, de nombreux musiciens professionnels, en particulier créoles, formés à la musique dans des conservatoires, viennent alors renforcer les orchestres locaux et améliorent grandement la qualité de leur jeu.
De plus en plus professionnalisés et populaires, les brass bands imposent peu à peu leur instrumentarium aux orchestres de danse dans les clubs, dancings, cabarets, salles communautaires...
S'inspirant de
Buddy Bolden, considéré comme le précurseur du Jazz, les orchestres se transforment : les cuivres et les percussions prennent la place des cordes en première ligne ; le
cornet, la clarinette et le trombone deviennent alors la ligne de front standard d'un orchestre de jazz de la Nouvelle-Orléans (le piano et la batterie rejoindront plus tard les orchestres sédentarisés).
Au début du XXème siècle, le style musical caractéristique de la Nouvelle-Orléans, marqué par les improvisations et les sons polyphoniques des cuivres, est propagé dans toute la région, puis dans le pays entier, par les orchestres locaux jouant sur les bateaux fluviaux et dans les tournées de Vaudeville.
En 1917, l'effet conjugué de l'engouement suscité par le premier enregistrement de Jazz New-Orleans par l'orchestre
Original Dixieland Jass Band et de la fermeture par le gouvernement du quartier de Storyville, pousse les meilleurs musiciens de la Nouvelle Orléans, désormais au chômage, à migrer vers les grandes villes du Nord comme New-York ou Chicago. C'est en particulier dans les cabarets de Chicago que le Jazz New-Orleans va s'épanouir et élargir sa notoriété, sous l'impulsion de musiciens tels que Sidney Bechet,
Joe "King" Oliver, ou Louis Armstrong, pour atteindre son apogée à la fin des années 1920.